Qu’est-ce que la brûlure de la pointe (tip burn) ?

Il s’agit de nécroses s’initiant à la marge des feuilles de laitue. Celles-ci sont particulièrement préoccupantes au niveau des feuilles du cœur (tip burn interne) puisqu’elles sont difficilement perceptibles au moment de la récolte (figure 1). Une brûlure externe peut également apparaître sur la pointe des feuilles de la couronne, qui, contrairement aux feuilles du cœur, peuvent être coupées à la récolte.

Brûlure de la pointe dans la laitue

Quelles sont les conséquences engendrées par la brûlure de la pointe ?

La brûlure de la pointe est un défaut extrêmement important qui modifie l’apparence et limite la durée de conservation des laitues (laitues fraîches et mélanges de salades peu transformés). Le tip burn interne est un véritable problème pour les producteurs de laitues d’été, dans la mesure où son incidence varie d’une plantation à l’autre. En effet, certaines sont plus touchées que d’autres et il s’avère parfois impossible de détecter les nécroses au moment de la récolte. La brûlure de la pointe peut entraîner une décomposition bactérienne interne ou un dépôt visqueux dans la laitue, rendant ainsi la récolte non commercialisable.

Quels facteurs favorisent l’apparition de la brûlure de la pointe ?

On s’accorde généralement à reconnaître que la brûlure de la pointe provient d’une carence en calcium.

Le calcium renforce les parois cellulaires des plantes et la brûlure de la pointe est plus précisément liée à l’incapacité des plantes à fournir suffisamment de calcium aux feuilles en développement durant les périodes de croissance rapide. Le calcium se déplace des racines jusqu’aux feuilles de la plante avec l’eau évacuée par le processus de transpiration. Les feuilles enveloppantes qui transpirent rapidement récupèrent la majorité de l’eau et accumulent la majeure partie du calcium. Les feuilles enfermées au cœur de la laitue et poussant rapidement ont un taux de transpiration beaucoup plus faible. Elles récupèrent donc moins d’eau et par conséquent, moins de calcium. Avec moins de calcium à leur disposition, les parois cellulaires de ces feuilles sont plus fragiles et elles peuvent s’effondrer et mourir, à mesure que les feuilles se développent pour approcher de leur seuil de maturité. C’est ce que l’on appelle le tip burn interne. L’effondrement des parois favorise l’entrée des bactéries et engendre ainsi une détérioration plus importante, aboutissant à la non-commercialisation du produit.

Bien que la brûlure de la pointe soit souvent associée à une carence en calcium, les symptômes peuvent apparaître malgré sa présence abondante dans la plupart des sols organiques. Toute la difficulté est donc de réussir à faire migrer suffisamment de calcium vers les feuilles internes qui poussent rapidement. Le tip burn externe peut apparaître pour les mêmes raisons, mais il peut également se manifester en raison d’une trop forte exposition au vent, de sablages ou d’autres dommages physiques sur le bord fragile des feuilles en pleine croissance.

Même si elle peut également se produire au printemps ou à l’automne, la brûlure de la pointe est une maladie caractéristique des laitues d’été qui poussent plus rapidement. Elle reflète l’incapacité des plantes à transférer suffisamment d’eau et de nutriments vers les tissus foliaires à croissance rapide, qui se trouvent enfermés dans le cœur des laitues.

Pour répondre à la question précédemment posée, un certain nombre de facteurs favorise l’apparition de la brûlure de la pointe, par exemple la vitesse de croissance, qui, selon les conditions climatiques, la disponibilité en eau et en nutriments, l’approvisionnement en calcium et tout autre facteur de stress imposé à la plante, peut devenir irrégulière.

Niveaux de calcium dans la sève

Comme le montrent les graphiques ci-dessous (figures 2 et 3), la courbe relative à la teneur en calcium dans la sève des récoltes d’été et d’hiver est la même. Des études sur le terrain ont montré que lorsque la récolte approchait, la concentration du calcium dans la sève des laitues « d’hiver » chutait à des niveaux comparables à celle des laitues d’été. En raison des conditions de croissance plus lentes et plus constantes en hiver, la maladie ne se développe pas toujours dans les plantations hivernales. Mais le calcium présent dans la sève des feuilles n’est pas le seul facteur qui favorise le développement de la brûlure de la pointe des laitues. Les conditions et la vitesse de croissance de la récolte sont également des facteurs essentiels.

Quelles mesures peuvent être prises pour réduire l’incidence de la brûlure de la pointe ?

Rapport entre nutriments et brûlure de la pointe

Calcium (Ca)
Malgré la présence abondante de calcium dans les sols, la concentration dans la sève des feuilles de la laitue iceberg (laitue d’été) tombe généralement au-dessous de la fourchette optimale au cours des trois semaines suivant la transplantation.

Plusieurs suppléments de calcium ont été testés par pulvérisations foliaires, afin de déterminer si les niveaux de calcium dans les plantes pouvaient être augmentés pour réduire l’incidence de la brûlure de la pointe. 

Ces applications de calcium n’ont pas permis d’augmenter efficacement la quantité de calcium, ni de réduire la brûlure de la pointe. Elles sont d’ailleurs déconseillées pour tenter de limiter ce genre de maladie.

L’application de nitrate de calcium par épandage en bandes latérales n’a pas été bénéfique en matière d’absorption du calcium.

Des essais menés aux champs ont montré une faible concentration de calcium évidente dans les échantillons de sève et de tissus secs des feuilles pendant la majeure partie de la période de croissance de la laitue d’été. Néanmoins, la concentration de calcium dans la sève des feuilles n’a pas permis de prouver clairement l’implication de cet élément dans la brûlure de la pointe, en raison du grand nombre de facteurs pouvant être impliqué.

Dans le cas de la laitue romaine, l’ajout d’engrais azotés a favorisé l’augmentation de la vitesse de croissance, mais il a également favorisé la brûlure de la pointe prématurée. Les suppléments foliaires contenant de l’azote n’ont pas augmenté la vitesse de croissance, ni altéré le niveau de nitrate dans la sève des plantes.

Nutrition générale

Il est tout à fait possible de contrôler la vitesse de croissance et de diminuer le risque de brûlure de la pointe en limitant l’application excessive de nutriments tels que l’azote et en mettant en place une gestion de l’irrigation plus efficace.

Des essais évaluant la réduction de l’apport d’engrais suite à une première récolte ont montré que la vitesse de croissance ne baissait pas. Cela signifie qu’en l’occurrence, le sol contenait des réserves importantes en nutriments essentiels à la croissance.

Dans le cas de la laitue iceberg, le potassium (K) peut jouer un rôle important dans la capacité à former un cœur sain. De très faibles concentrations de potassium dans le sol semblent augmenter le risque de malformation du cœur de la laitue.

Les producteurs pourraient exploiter les réserves nutritives déjà présentes dans le sol en réduisant l’application d’engrais après une première récolte. D’où l’importance d’analyser les sols, d’adapter l’application d’engrais en fonction des besoins et des précédentes cultures.

Vitesse de croissance des cultures

En été, la vitesse de croissance élevée constitue clairement l’un des principaux facteurs à l’origine de la brûlure de la pointe de la laitue. En effet, chaque plante est contrainte de fournir suffisamment d’eau et de nutriments aux tissus foliaires à croissance rapide. Même de petites carences en calcium peuvent suffire à fragiliser les parois cellulaires des plantes et à augmenter le risque de brûlure de la pointe. En été, une culture de laitue pousse deux fois plus vite qu’en hiver. Le stress périodique aura également un impact, car les fluctuations dans l’approvisionnement d’engrais ou de l’eau peuvent causer une augmentation de la vitesse de croissance et entraîner une brûlure de la pointe.

La vitesse de croissance est un facteur essentiel à la qualité de la laitue et il est extrêmement important de maintenir une vitesse constante en assurant un approvisionnement régulier en nutriments et en eau tout au long de la croissance de la culture, mais plus particulièrement après que le cœur s’est formé. Il est possible de réguler la vitesse de croissance en limitant l’application excessive de nutriments tels que l’azote et en s’assurant que les niveaux d’humidité du sol soient constants et réguliers.

La sélection des cultivars est extrêmement importante

En comparaison des autres facteurs, les cultivars augmentent considérablement l’incidence de la brûlure de la pointe. Des essais menés aux champs ont révélé que la sensibilité des cultivars à la brûlure de la pointe différait significativement au cours de la saison.

Les cultivars de la laitue iceberg (Raider, Casino, Toronto, Ponderosa et Kingsway) ont montré une bonne tolérance à la brûlure de la pointe à des endroits et des moments différents de la saison et le cultivar Silverado a toujours montré une bonne tolérance sur les trois sites présents dans le sud de l’État de Victoria.

Parmi les cultivars de la laitue romaine, bien que Nero ait montré une certaine tolérance à la brûlure de la pointe, ce sont Verdi, Donatus et Cosmic qui ont présenté la meilleure tolérance à la maladie.

Il est extrêmement important de choisir des cultivars présentant une certaine résistance à la maladie à la période de l’année où ils seront cultivés. Pour être sûr de choisir les bons cultivars, demandez des conseils à votre fournisseur de graines.

La sensibilité des cultivars à la brûlure de la pointe diffère également à l’approche de leur seuil de maturité, puisque c’est à ce moment-là que l’incidence augmente le plus. Dans le cas du cultivar Casino, l’incidence de la brûlure de la pointe est restée inchangée pendant les quatre jours précédant la récolte, assurant ainsi au producteur une « fenêtre » de récolte plus importante qu’avec la plupart des autres cultivars.

Les différences de sensibilité à la brûlure de la pointe peuvent être causées par différents facteurs. Au moment de la récolte, le cultivar Sheeba, de la laitue iceberg, présentait une concentration plus élevée en nitrates, en calcium et en potassium dans la sève que celle observée dans d’autres cultivars comme Target, malgré le fait que les schémas de croissance aient été identiques.

Le développement de la racine et le rapport système racinaire / système foliaire jouent probablement un rôle important au niveau de l’absorption des nutriments et du développement de la brûlure de la pointe pour la culture de laitues en plein champ. Les cultivars sensibles à la brûlure de la pointe ont montré un développement racinaire moins important que les variétés plus résistantes.

Pratiques d’irrigation

De bonnes pratiques d’irrigation sont essentielles pour maintenir une vitesse de croissance régulière des cultures et pour faciliter l’absorption efficace des nutriments. Les laitues possèdent un système racinaire superficiel et pour être commercialisables, elles ont besoin d’un apport en humidité constant pendant la croissance.

Les laitues iceberg et romaine ont des besoins en eau différents et il est préférable de les cultiver dans des blocs d’irrigation distincts en été.

Maintenir une vitesse de croissance régulière des cultures est essentiel. Un apport variable en humidité provoquera une vitesse de croissance et une absorption de nutriments irrégulières, ce qui augmentera l’incidence de troubles tels que la brûlure de la pointe. Pour maintenir un niveau constant d’humidité dans le sol, l’humidité doit être surveillé et les besoins d’irrigation, planifiés en fonction des nécessités. Les sols sablonneux auront besoin d’être irrigués plus souvent que les sols argileux.

Pour minimiser les conséquences d’une mauvaise qualité de l’eau et pour maximiser l’absorption et le transfert des nutriments autour de la plante, notamment du calcium, l’irrigation devra, de préférence, être effectuée le soir ou la nuit. Le fait d’irriguer la nuit permet d’améliorer l’apport en calcium jusqu’aux feuilles du cœur en développement et de limiter l’incidence de la brûlure de la pointe. 
L’utilisation d’une eau à forte teneur en sel ou en sodium permettra de minimiser l’impact sur la culture. L’irrigation de nuit (tôt le matin) favorisera l’apport en nutriments jusqu’aux feuilles du cœur et permettra de réduire les nécroses résultant d’une mauvaise qualité de l’eau.

Cependant, il est également important de tenir compte de l’impact que peut avoir l’irrigation nocturne en termes de maladies. En effet, les feuilles restent alors plus longtemps humides, ce qui peut augmenter l’incidence des maladies comme le mildiou et l’anthracnose. Les nuits chaudes ou très chaudes ne poseront aucun problème puisque les feuilles resteront humides moins longtemps.

En prenant en considération l’ensemble de ces facteurs, le meilleur moment pour irriguer les terres serait entre 4 h et 8 h du matin. Si l’irrigation a lieu plus tôt, les feuilles resteront humides plus longtemps, ce qui pourrait augmenter légèrement les problèmes de maladies d’une part, mais favoriser l’absorption des nutriments d’autre part. Si l’irrigation se fait plus tard, l’absorption et le mouvement des nutriments autour de la plante ne seront pas assez efficaces. Il s’agit ici d’une décision de gestion qui doit prendre en compte la période de l’année, les cultivars utilisés et les conditions climatiques.

Évitez la sous-irrigation et l’irrigation excessive, qui entraîneront une variation des niveaux d’humidité dans le sol.

L’incidence de la brûlure de la pointe peut être réduite

La conduite culturale est primordiale dans la formation du cœur, point critique où débute la brûlure de la pointe. Une fois le cœur formé, le tip burn interne ne peut pas être perçu. La seule façon d’examiner votre laitue est alors de l’ouvrir.

Il est important de ne pas retarder la récolte, car la gravité de la brûlure de la pointe continue d’augmenter. Sur les sols bien fertilisés, récolter les cultures trois jours avant la date prévue peut réduire la brûlure de la pointe de 30 à 50 %.

Des pratiques de gestion encore plus efficaces sont primordiales pour des plantations ayant lieu au milieu de l’été.

Pensez à maintenir une vitesse de croissance constante dans vos cultures en assurant un approvisionnement régulier en nutriments et en eau tout au long de la croissance, et plus particulièrement après la formation du cœur.

La brûlure de la pointe est un problème plus fréquent dans les récoltes de janvier que dans celles d’avril, et ce, dans toutes les régions productrices.

La surveillance des plantations de manière séquentielle a permis de noter que la brûlure de la pointe se développait plus tôt et qu’elle était plus importante dans les plantations ayant lieu au milieu de l’été.

Assurez-vous que la culture soit suffisamment irriguée pendant la nuit ou tôt le matin afin de maximiser l’absorption d’eau et de nutriments.

Pendant la période estivale, qui est la plus critique, les laitues de variété romaine ne doivent pas être implantées entre les laitues iceberg, car elles nécessitent une gestion spécifique pour réduire l’incidence de la brûlure de la pointe. 

Pour vos plantations estivales, veillez à utiliser des cultivars présentant une bonne tolérance à la brûlure de la pointe.

Il n’y a aucune preuve évidente de véritable utilité des pulvérisations foliaires de calcium.

La brûlure de la pointe ou Tip burn dans la laitue provient généralement d'une carence en calcium

Remerciements

Le présent document a été rédigé par Craig Murdoch, Slobodan Vujovic et Rob Dimsey, Farm Services Victoria en septembre 2003.

Il a été relu par :

Rob Dimsey, Farm Services Victoria en décembre 2005 et janvier 2010.

Craig Murdoch, Plant Standards et Rob Dimsey, Farm Services Victoria. Octobre 2010.

ISSN 1329-8062

Publié et approuvé par :
Department of Environment and Primary Industries (ministère de l’Environnement et du Secteur primaire)
1 Spring Street
Melbourne, Victoria

Cette publication est protégée par le droit d’auteur. Aucune partie ne peut être reproduite par quelque procédé que ce soit, à moins qu’elle ne soit conforme aux dispositions de la loi australienne de 1968 relative au droit d’auteur. Bejo Graines France a obtenu le droit de publication.

Les conseils présents dans ce document ont été donnés à titre informatif uniquement. Veillez à toujours lire les étiquettes avant d’utiliser les produits mentionnés. L’État de Victoria et ses employés ne garantissent pas que le document est dépourvu de défaut de quelque sorte que ce soit ou qu’il est entièrement approprié à vos fins personnelles. Ils se dégagent par conséquent de toute responsabilité quant aux erreurs, pertes ou autres conséquences éventuelles découlant du fait que vous vous êtes fiés aux informations présentes dans ce document.